PAPIER Blanc
Le Franc Tournoi et le Nouvel Ordre monétaire Libre
Depuis le traité de Maastricht et l’adoption de l’euro, les Français ont été dépossédés de l’outil monétaire. La monnaie est un outil vital au bon fonctionnement d’une économie et si ce dernier n’est pas adapté il peut la gripper ou pire participer à son effondrement.
Il est de notoriété publique que le taux de change de l’euro n’a pas été favorable à l’épanouissement de l’économie française, participant plutôt à la perte de son industrie.
De plus les décisions de la banque centrale européenne depuis la crise des subprimes ont conduit à une perte de confiance des épargnants qui ont vu les taux d’intérêt de rémunération de l’épargne fondre en même temps que des lois furent votées autorisant les banques à se refinancer sur les dépôts.


Ces mêmes banques au bord de la faillite empêchent leurs clients d’avoir accès à de la monnaie papier.
Pourtant, la monnaie fiduciaire, que l’on appelle communément argent liquide fourni bien des avantages dont l’anonymat des transactions. Les Français y restent attachés malgré les velléités de la BCE de proposer un euro totalement numérique et d’interdire définitivement les billets de banque.
C’est d’ailleurs dans un contexte similaire de perte de confiance dans le dollar que les cryptomonnaies sont apparues à la suite de la crise de 2008. La technologie blockchain a attiré les investisseurs grâce à ses nombreux atouts comme la décentralisation ou la transparence du protocole. L’État français s’oppose à l’adoption massive des cryptomonnaies en durcissant la législation à ce sujet.
Pourtant, le Bitcoin est désormais adopté largement de par le monde et permet l’échange de biens et services. Les cryptomonnaies peuvent être un moyen d’émancipation de la dictature des banques centrales.
Le Service Public Libre a réfléchi à une façon de conjuguer les avantages des cryptomonnaies et de l’argent liquide, dans un même outil au service des Français !

I Introduction à la monnaie
Comme dit l’adage, l’argent est bon outil, mais mauvais maître.
Mais déjà, qu’est-ce que c’est que l’argent ? Nous utilisons la monnaie tous les jours, mais connaît-on sa véritable nature ?

Selon Aristote, la monnaie doit être à la fois une réserve de valeur, un étalon de mesure et un intermédiaire des échanges.
On croit souvent à tort que la monnaie est apparue après le troc. En réalité les découvertes archéologiques nous montrent que les premiers échanges économiques se faisaient sous la forme de dette/crédit.
Un tel doit tant à tel autre et le note dans un registre. Ensuite on utilise des objets physiques pour réaliser les transferts de dette. On comprend alors que la monnaie, c’est en fait un instrument qui permet d’éteindre des dettes entre des acteurs économiques. Plus encore, c’est un consensus de confiance entre ces acteurs qui se mettent d’accord pour accorder à un instrument le pouvoir de se libérer d’une dette.



II La livre tournoi et le franc à cheval : les monnaie-Or physique
L’or cumule plusieurs propriétés qui ont fait de lui le matériau de base des monnaies pendant des millénaires. Il est quasiment inoxydable, a une température de fusion faible et une malléabilité élevée qui permet de le travailler aisément lui conférant une grande divisibilité.

C’est également un actif fongible, c’est-à-dire qu’un gramme d’or 24 carat est équivalent à un autre gramme d’or 24 carat (à la différence d’un diamant considéré comme un corps certain, c’est-à-dire unique). Il possède une rareté relative plus importante que d’autres métaux comme le cuivre ou l’argent. Enfin l’or possède une densité élevée et une couleur jaune distinctive. Ces deux propriétés permettant de le discriminer des autres métaux.

La livre tournois est une ancienne monnaie-or frappée originellement à Tours et qui fut utilisée en France sous l’ancien régime à partir de 1203. En 1360 une nouvelle pièce fut frappée le franc à cheval valant une livre tournois.
Frappée à trois millions d’exemplaires, elle va servir à payer la rançon du roi Jean II dit le Bon et ainsi devient un symbole de la souveraineté du Royaume de France. Les masses et compositions (aloi) de ces pièces, changent à travers le temps et leurs parités également selon les besoins du Roi de France et du trésor royal pour financer la dette.
Tournois vient du latin Turonensis (venant de Tours) et est un adjectif invariable signifiant « ancienne monnaie frappée en France ».
Le Franc Tournoi Cryptographique utilise l’homonyme de Tournois afin de symboliser la volatilité (ou variabilité) du bitcoin, la guerre politico-idéologique que nous menons ainsi que la lutte spéculative au sein des marchés financiers crypto.
Le Franc Tournoi est un outil pédagogique, une arme financière ainsi qu’une révolution inédite dans l’histoire de la monnaie.
III Genèse des monnaies papier et désindexation de l’or
La première monnaie papier officiellement reconnu par l’empereur fait son apparition au IXe siècle en Chine. Le feiqan, la monnaie volante. C’est Marco Polo au XIIIème siècle qui en dira : « Ce papier est ensuite répandu dans tous les domaines de sa Majesté et personne n’ose, sous peine de la vie, refuser de le recevoir en paiement ».
La première formulation de la théorie quantitative de la monnaie remonte aux travaux de Jean Baudin en 1568. Ses travaux portaient sur les effets inflationnistes de l’arrivée massive d’or en provenance d’Amérique latine ; cet afflux provoquant une hausse des prix en Espagne et sur le continent européen.
Voici une des règles (simplifiée) théorisée entre le 16ᵉ et le 18ᵉ siècle du comportement de la monnaie et de sa relation avec les prix :
MV= PT
Avec M = stock de monnaie en circulation, P = niveau des prix, V = vitesse de circulation de la monnaie et T = volume des transactions
On constate par exemple qu’un billet de 10 euros échangé 1000 fois dans l’année a permis d’échanger 10 000 euros en valeur. Au contraire, un particulier qui économiserait au cours de l’année 1000 euros pour s’acheter une voiture, aura permis 10 fois moins de valeur d’échange alors que la quantité de billets est 100 fois plus importante.
La perte de vélocité d’une monnaie est souvent liée à une situation de crise ou les actifs/marchandises ont une volatilité plus élevée. On peut comparer la vélocité à la tension sanguine. Si la chute de tension provoque l’évanouissement, la chute de vélocité provoque l’atonie de l’économie.
En France, à partir de 1716, le système Law incite l’échange des monnaies-métal en circulation contre des titres papier (ancêtre des actions et obligations). Un an plus tard, suite à un édit royal ces titres sont acceptés pour le paiement des impôts.
Le système permet pendant un temps d’éponger une partie du déficit du trésor royal en émettant de nouveaux titres (rouler la dette). C’est en 1720 que Law interdit la possession de plus de 500 livres de métaux précieux par foyer, sous peine de confiscation et d’amende. Une récompense est promise aux dénonciateurs et des perquisitions ont lieu, même au sein du clergé.
La pyramide de Ponzi générée (pourquoi pas pyramide de Law) s’écroulera quelques mois plus tard quand des grands noms comme le Duc de bourbon viennent en personne rue Quincampoix retirer leur or. Le 17 juillet des émeutes font 17 morts dans cette même rue (gilets jaunes d’un autre temps). Sur les trois mois suivants les titres papiers sont supprimés par palier.
La naissance des monnaies papier change la donne et permet de financer le déficit d’une manière plus judicieuse qu’ajuster la pureté et la masse des pièces, car non calculable par le détenteur du titre. L’émission de nouveau titre de dette « monnaie » n’est plus lié à des paramètres physiques ainsi la masse monétaire n’est plus lié à l’extraction de métaux précieux.
En 1971 le président Nixon met fin au « gold standard exchange » (qui faisait lui-même suite au gold standard de 1914), c’est-à-dire la fin de la convertibilité du dollar en or (alors que la plupart des échanges internationaux se réalisent en dollars). Depuis le dollar est la monnaie des échanges internationaux sans autre contrepartie que la confiance que les acteurs économiques portent dans la puissance américaine.
Cette puissance est elle-même remise en cause depuis les années 2000 avec la montée des BRICS sur le devant de la scène économique mondiale. Aujourd’hui le dollar est fortement questionné en tant que monnaie du commerce mondial et pourrait finir par être remplacé par des actifs comprenant des paniers des devises les plus utilisées comme les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) créés par le FMI en 1969.
IV Bitcoin : la monnaie Or cryptographique
# Name Price Market Cap Change Price Graph (24h)
Bitcoin est un protocole informatique pair-à-pair s’apparentant à un livre comptable où chaque page de ce livre est appelé un bloc. Ces blocs servent à noter des transactions en s’assurant que le jeu d’écriture comptable noté est à somme nulle. Autrement dit, permettant d’éviter les doubles dépenses et ainsi de faire émerger un consensus sur l’exactitude de la prochaine page à rajouter au livre. Ceux qui s’assurent de la conformité des transactions, c’est-à-dire dit vulgairement que personne ne triche en créant du bitcoin ex nihilo, sont appelés les mineurs (les mineurs d’or numérique). Ces mineurs sont rémunérés de deux façons différentes pour le travail de vérification de conformité de la nouvelle page du livre comptable :
– Par la création monétaire (à chaque nouvelle page écrite les mineurs du monde entiers se partagent quelques bitcoins créés de manière régulière et prévisible)
– Par les frais de transaction réglables, payés par les utilisateurs du protocole (ceux qui s’échangent des bitcoins)
Ces vérifications nécessitent des calculs que l’on appelle la preuve de travail. En effet, il est nécessaire pour le mineur d’avoir deux différents éléments :
– Le matériel pour miner, des cartes graphiques ou ASICS qui constitue l’investissement initial
– L’énergie nécessaire au fonctionnement du matériel en l’occurrence de l’électricité qui constitue le coût d’exploitation.
Ces deux paramètres génèrent un coût en dessous duquel le minage n’est plus rentable. Pour l’or, sa fonction à travers le temps de réserve de valeur est conditionnée aux mêmes variables. Sont coût d’extraction (investissement initial + coût d’exploitation) est intrinsèquement lié à son prix de marché.
On peut constater que le prix de marché d’un actif est corrélé naturellement à l’énergie dépensée pour l’obtenir. Même si philosophiquement dans le cas du bitcoin, il est difficilement acceptable que l’énergie dépensée pour sécuriser le protocole d’échange puisse porter la valeur intrinsèque de l’objet échangé, étant donné que son prix dépend aussi de l’offre et de la demande.
La création monétaire qui rémunère les mineurs diminue avec le temps, tous les quatre ans la récompense par bloc miné est divisée par deux. C’est ce qu’on appelle le halving. Il est coresponsable de l’augmentation de la difficulté de minage en duo avec l’augmentation de la puissance de calcul du réseau.
Les comptes bancaires de bitcoin sont appelés adresses. Ces adresses sont deux listes de lettre et de chiffre aléatoire, une clé publique que vous pouvez envoyer à tout le monde comme un IBAN. C’est celle qui permet que les autres vous envoient du Bitcoin.
Une clé privée cette fois-ci qui vous est réservée, car c’est celle qui permet d’envoyer des bitcoins de votre adresse vers une autre adresse. Pour plus d’informations sur le fonctionnement, cryptage RSA et protocole SHA 256 se reporter au WHITE PAPER BTC et aux annexes.
L’une des limites de l’or physique est la quantité de divisions qui peuvent être envisagées. Par exemple, pour acheter une baguette au cours actuelle de l’or il faudrait une pièce de 0,025 gramme d’or, l’on conviendra tous que ce n’est pas pratique. Le Bitcoin par contre est un actif numérique et sa sécabilité est donc théoriquement infinie (le consensus actuel défini sa plus petite division le Satoshi pour un cent millionième de Bitcoin).
On peut noter que l’apparition du protocole Bitcoin en 2008 est concomitante a la démocratisation d’internet et également sans doute à la crise des subprimes et la faillite de Lehman Brothers.
En effet, même sans valeur à cette époque, il a permis aux utilisateurs pionniers de miner et s’échanger de manière triviale une valeur quantifiée d’un actif avec une forme de rareté sans entité centralisatrice. Ce n’est que plusieurs années plus tard que les premiers acheteurs sont apparus, trouvant le protocole juste et transparent grâce à la décentralisation de la chaîne de bloc.
V Le Franc Tournoi cryptographique
Le Bitcoin est un actif électronique scriptural au même titre que des euros sur un compte en banque. Cela lui confère les mêmes avantages comme celui « d’envoyer » des fonds sur un compte à l’autre bout de la planète dans un temps restreint. Il a en plus la capacité de donner à tout un chacun la possibilité de consulter le livre comptable de l’intégralité de l’histoire du protocole et d’ouvrir un compte/adresse sans tiers de confiance. Mais il a également plusieurs désavantages sur un système centralisé.
Les micros paiement en particulier sont problématiques, car les frais ne dépendent que très peu de la quantité échangée et ces mêmes micros paiements ont souvent besoin d’instantanéité (vous ne comptez pas acheter votre baguette et attendre peut-être une heure, le temps que le paiement soit validé).
L’utilisation de bitcoin peut donc paraître impossible dans la vie de tous les jours et son principal intérêt réside dans de la réserve de valeur non contrôlée par l’émission des banques centrales et la gestion des banques commerciales.
C’est en particulier sur cette problématique qu’une monnaie papier collatéralisé au Bitcoin peut avoir un sens. Une adresse Bitcoin étant une suite de chiffres et de lettres, il est possible d’imprimer cette adresse (clé publique + clé privée) sur un titre papier avec une clé publique visible et une clé privé dissimulé. Dans ce cas de figure un échange de Bitcoins ne correspond plus à un échange entre adresse noté sur un bloc, mais a un échange d’adresse assimilable à un échange de comptes en banque. C’est ce que nous appelons un échange de monnaie fiduciaire 3.0.
Cette innovation permet :
-l’instantanéité de la transaction
-la gratuité de la transaction
-l’économie d’énergie qui aurait été nécessaire aux calculs des mineurs qui vérifient l’authenticité des transactions effectuées sur la chaîne de bloc.
Le Franc Tournoi est donc un billet adossé à une somme en Bitcoin avec un compte bancaire unique lié à chaque billet possédant une clé publique visible et une clé privée à gratter.
Ce billet a pour vocation d’être échangé et ne pas d’être gratté au même titre qu’une pièce d’or a pour vocation d’être échangée et non pas d’être fondue pour en faire un lingot.
Concrètement le billet se présente avec au recto l’adresse publique, une valeur en Satoshi (centime) de bitcoin correspondant avec pour parité 1 franc tournoi = 1000 Satoshi, un lien QR code de l’adresse qui vous permet ensuite d’explorer la chaine de bloc afin de valider la présence de la somme notifiée sur le billet. Au verso du billet l’on retrouve la clé privée dissimulée sous l’étiquette à gratter permettant d’accéder aux Bitcoins collatéralisés.
Objectifs du projet :
• réaliser un outil monétaire pratique basé sur une valeur d’échange admise mondialement (le Bitcoin)
• permettre aux transactions économiques de se réaliser de manière parfaitement anonyme comme avec la monnaie fiduciaire.
Pour conclure ce projet a comme objectif de diminuer la vélocité des monnaies fiat en bloquant des capitaux dans des actifs décentralisés et ainsi grâce au format monnaie fiduciaire en incitant non pas à la spéculation contre des monnaies fiat, mais bien à l’échange direct de biens et services. Tout ceci doit être compris comme une réaction politique et démocratique à l’ordre monétaire criminel en place actuellement, sans impacter l’économie réelle, en proposant une alternative adossée à l’or numérique.
Alternative qui n’est ni soumise à l’extraterritorialité du droit d’aucun gouvernement, ni à la création monétaire par la dette des banques commerciales, ni aux gels, détournements, spoliations de vos fonds par une institution ou entité quelconque.
Réconcilier une partie des personnes dont l’utilisation de l’outil informatique est prohibitive, vers le potentiel de la cryptographie sous forme physique, pour authentifier le caractère non falsifiable et non reproductible d’un titre de monnaie papier. Enfin à l’ère des plus grands paradoxes économico-monétaire de l’histoire des hommes, l’enjeu est l’appropriation de l’histoire des théories monétaires anciennes et modernes par des hommes libres, pour faire vivre les débats philosophiques millénaire qui y sont liés.
White Paper BITCOIN (Satoshi Nakamoto)
Résumé. Un système de monnaie électronique entièrement en pair-à-pair permettrait d’effectuer des paiements en ligne directement d’un individu à un autre sans passer par une institution financière. Les signatures numériques offrent une telle solution, mais perdent leur intérêt dès lors qu’un tiers de confiance est requis pour empêcher le double paiement. Nous proposons une solution au problème du double paiement en utilisant un réseau pair-à-pair. Le réseau horodate les transactions à l’aide d’une fonction de hachage qui les traduit en une chaîne continue de preuves de travail (des empreintes), formant un enregistrement qui ne peut être modifié sans ré-effectuer la preuve de travail. La plus longue chaîne (d’empreintes) sert non seulement de preuve du déroulement des évènements constatés, mais également de preuve qu’elle provient du plus grand regroupement de puissance de calcul. Aussi longtemps que la majorité de la puissance de calcul (CPU) est contrôlée par des nœuds qui ne coopèrent pas pour attaquer le réseau, ils généreront la plus longue chaîne et surpasseront les attaquants. Le réseau en lui-même ne requiert qu’une structure réduite. Les messages sont diffusés au mieux, et les nœuds peuvent quitter ou rejoindre le réseau à leur gré, en acceptant à leur retour la chaîne de preuve de travail la plus longue comme preuve de ce qui s’est déroulé pendant leur absence.
1. Introduction
Le commerce sur Internet dépend aujourd’hui presque exclusivement d’institutions financières qui servent de tiers de confiance pour traiter les paiements électroniques. Bien que ce système fonctionne plutôt bien pour la plupart des transactions, il écope toujours des faiblesses inhérentes à son modèle basé sur la confiance. Les transactions totalement irréversibles n’y sont pas vraiment possibles, puisque les institutions financières doivent gérer la médiation de conflits. Le coût de cette médiation augmente les coûts des transactions, limitant en pratique la taille minimale d’une transaction et empêchant la possibilité d’avoir des petites transactions peu coûteuses. L’impossibilité d’avoir des paiements non réversibles pour des services non réversibles engendre un coût encore plus important. Avec la possibilité d’inverser les transactions, le besoin de confiance augmente. Les marchands doivent se méfier de leurs clients, en les harcelant pour obtenir plus d’informations que nécessaire. Une certaine part de fraudes est acceptée comme inévitable. Tous ces coûts et incertitudes de paiement peuvent être évités par l’utilisation d’une monnaie physique, mais aucun mécanisme n’existe pour réaliser des paiements à travers un système de communication sans avoir recours à un tiers de confiance.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’un système de paiement électronique basé sur des preuves cryptographiques au lieu d’un modèle basé sur la confiance, qui permettrait à deux parties qui le souhaitent de réaliser des transactions directement entre elles sans avoir recours à un tiers de confiance. Les transactions qui sont informatiquement impossibles à annuler protégeraient les vendeurs de fraudes éventuelles, et un système de compte séquestre pourrait facilement être implémenté pour protéger les acheteurs. Dans ce document, nous proposons une solution au problème de double-dépense en utilisant un serveur horodaté distribué en pair-à-pair pour générer des preuves informatiques de l’ordre chronologique des transactions. Le système est sécurisé tant que des nœuds honnêtes contrôlent ensemble plus de puissance de calcul qu’un groupe de nœuds qui coopéreraient pour réaliser une attaque.
2.Transactions
Nous définissons un jeton électronique comme une chaîne de signatures numériques. Tout propriétaire transfère ce jeton à un autre en signant numériquement une empreinte de la précédente transaction ainsi que la clé publique du nouveau propriétaire et les ajoute à la fin du jeton. Tout bénéficiaire peut examiner les signatures pour vérifier la chaîne de propriété.

Le problème bien sûr est que le bénéficiaire ne peut vérifier qu’un des précédents propriétaires n’a pas fait de “double dépense” avec le jeton. Une solution courante est d’introduire une autorité centrale de confiance, ou hôtel des Monnaies, qui vérifierait chaque transaction pour éviter la “double dépense”. Après chaque transaction, les jetons doivent être retournés à l’hôtel des Monnaies qui en crée une nouvelle, et seules les pièces issues directement de l’hôtel des Monnaies sont considérées comme n’ayant pas été dépensées deux fois. Le problème de cette solution est que le destin de tout le système monétaire repose sur l’entreprise qui dirige l’hôtel des Monnaies, et que chaque transaction doit passer par eux, comme une banque.
Nous avons besoin d’une méthode pour que le bénéficiaire puisse savoir si les précédents propriétaires n’ont pas signé de transactions précédentes. Pour cela, la transaction la plus ancienne doit être celle qui compte, nous n’avons pas à nous soucier des tentatives ultérieures pour dépenser le jeton en double. La seule manière de confirmer l’absence d’une transaction précédente est d’être au courant de toutes les transactions. Dans le modèle basé sur un hôtel des Monnaies, ce dernier était au courant de toutes les transactions et décidait donc laquelle arrivait en premier. Pour faire de même sans tierce partie, les transactions doivent être annoncées publiquement [1], et nous avons besoin d’un système pour que tous les participants se mettent d’accord sur un seul historique de l’ordre dans laquelle les transactions sont reçues. Le bénéficiaire a besoin d’une preuve qu’à chaque temps d’une transaction, la majorité des noeuds soient d’accord sur le fait qu’elle était la première reçue.
3. Serveur d’Horodatage
La base de la solution proposée est un serveur d’horodatage. Un serveur d’horodatage prend l’empreinte d’un ensemble d’éléments à horodater et publie cette empreinte, à la façon d’une annonce dans un journal ou d’un message sur un forum Usenet [2-5]. L’horodatage prouve que les données ont existé, afin d’être prises en compte dans l’empreinte. Chaque horodatage inclue l’horodatage précédent dans son empreinte, formant une chaîne dont chaque nouvel élément vient confirmer les précédents.
4. Preuve de travail
Pour implémenter un serveur d’horodatage distribué sur un réseau pair-à-pair, il faut utiliser un système basé sur des preuves de travail tel que celui du système Hashcash de Adam Back [6], plutôt qu’un journal ou un message sur un forum Usenet. La preuve de travail nécessite de rechercher une valeur telle que son empreinte, calculée par exemple en utilisant SHA-256, débute par un certain nombre de bits à 0. Le travail requis pour est exponentiellement fonction du nombre de bits à 0 exigés, et peut être validé en effectuant un seul calcul d’empreinte.
Pour notre réseau d’horodatage, nous implémentons la preuve de travail en incrémentant une variable dans le bloc jusqu’à ce qu’une valeur donnant une empreinte ayant suffisamment de bits à 0 soit trouvée. Une fois que l’effort de calcul nécessaire à l’obtention de la preuve de travail a été effectué, il n’est plus possible de modifier le bloc sans refaire cet effort de calcul. Comme de nouveaux blocs sont chaînés à sa suite, l’effort de calcul nécessaire pour modifier un bloc inclue tout l’effort de calcul nécessaire pour modifier tous les blocs suivants.

La preuve de travail résout le problème du choix de la représentativité du vote. Si la majorité était basée sur des voix allouées par adresse IP, le vote pourrait être perverti par quelqu’un capable de s’octroyer beaucoup d’adresses. La preuve de travail est essentiellement basée sur la puissance de calcul (un processeur, une voix). La décision de la majorité est représentée par la chaîne la plus longue, celle qui a nécessité le plus de calculs de preuve de travail. Si la majorité de la puissance de calcul du réseau est contrôlée par des noeuds honnêtes, la chaîne légitime progresse le plus rapidement et distance les chaînes concurrentes. Afin de modifier un ancien bloc, un attaquant devrait recalculer les preuves de travail du bloc modifié et de tous les blocs suivants, pour rattraper et dépasser le travail fournit par les noeuds honnêtes. Nous démontrerons par la suite que la probabilité qu’un attaquant disposant de moins de puissance de calcul puisse rattraper diminue exponentiellement à chaque nouveau bloc ajouté.
Afin de compenser l’amélioration de la puissance de calcul du matériel et l’intérêt changeant de faire fonctionner des noeuds du réseau, la difficulté de la preuve de travail est déterminée par une moyenne de nombre de blocs à trouver par heure. Si ces blocs sont générés trop rapidement, la difficulté augmente.
5. Réseau
Les étapes mises en oeuvre pour faire fonctionner le réseau sont les suivantes :
- Les nouvelles transactions sont diffusées à tous les nœuds.
- Chaque nœud regroupe les nouvelles transactions dans un bloc.
- Chaque nœud travaille à la résolution de la preuve de travail sur son bloc.
- Quand un nœud trouve une preuve de travail, il diffuse ce bloc à tous les nœuds.
- Les nœuds n’acceptent le bloc que si toutes les transactions qu’il contient sont valides et n’ont pas déjà été dépensées.
- Les nœuds expriment l’acceptation du bloc en travaillant sur un nouveau bloc dans la chaîne, ce nouveau bloc ayant comme empreinte précédente celle du bloc accepté.
Les nœuds considèrent toujours la chaîne la plus longue comme étant la chaîne légitime, et travaillent à étendre celle-ci. Si deux nœuds diffusent deux versions différentes du bloc suivant simultanément, certains des noeuds vont recevoir l’une ou l’autre en premier. Dans cette situation, chacun travaille sur le bloc reçu en premier, mais conserve l’autre branche au cas ou celle-ci devienne la plus longue. Cette liaison sera rompue quand la preuve de travail suivante sera trouvée et qu’une branche deviendra plus longue que l’autre ; les noeuds qui travaillaient alors sur l’autre branche changeront pour la plus longue.
Les diffusions de nouvelles transactions n’ont pas besoin d’atteindre tous les nœuds. A partir du moment ou elles atteignent suffisamment de nœuds, elles se retrouveront dans un bloc en peu de temps. Les diffusions des blocs tolèrent la perte de messages. Si un nœud ne reçoit pas un bloc, il le demandera lors de la réception du bloc suivant, lorsqu’il réalisera qu’il lui en manque un.
6. Incitation
Par convention, la première transaction d’un bloc est une transaction spéciale qui crée de nouveau jetons appartenant au créateur du bloc. Cela incite les nœuds à participer au réseau, et permet la distribution initiale de la monnaie, puisqu’il n’y a pas d’autorité centralisée pour le faire. Cet ajout régulier d’une quantité constante de monnaie se rapproche de l’effort fourni par des mineurs pour ajouter de l’or en circulation. Dans notre cas, l’effort se compose de puissance de calcul et de temps.
L’incitation peut aussi être financée par des frais de transaction. Si la valeur de sortie d’une transaction est inférieure à sa valeur d’entrée, la différence correspond aux frais de transaction qui sont ajoutés à la valeur d’incitation du bloc contenant cette transaction. Une fois que la quantité prédéterminée de monnaie sera entrée en circulation, l’incitation pourra passer sur un financement entièrement basé sur les frais de transaction, et ne provoquer aucune inflation.
L’incitation peut encourager les nœuds à rester honnêtes. Si un attaquant cupide a les moyens d’obtenir plus de puissance de calcul que l’ensemble des nœuds honnêtes, il peut choisir entre escroquer les gens en récupérant les paiements, ou utiliser sa puissance pour générer de la nouvelle monnaie. Il doit trouver plus intéressant de jouer le jeu, qui le favorise nettement car dès lors il générera plus de nouvelle monnaie que l’ensemble des autres nœuds, plutôt que de saper le système et la valeur de sa propre richesse.
7. Économiser l’Espace Disque
Une fois que la dernière transaction concernant un jeton est enfouie sous assez de blocs, les transactions passées peuvent être supprimées pour économiser de l’espace disque. Pour permettre cela sans invalider l’empreinte du bloc, les transactions sont résumées dans un arbre de Merkle [7][2][5], dont seule la racine est comprise dans l’empreinte du bloc. Les anciens blocs peuvent être compressés en coupant des branches de l’arbre. Les empreintes intermédiaires n’ont pas besoin d’être stockées.

Un en-tête de bloc sans transaction pèse environ 80 octets. Si nous supposons que les blocs sont générés toutes les 10 minutes, cela représente 80 octets * 6 * 24 * 365 = 4.2Mo par an. En 2008, les systèmes informatiques sont vendus avec en moyenne 2Go de capacité de mémoire vive, et, la Loi de Moore prédisant une croissance de 1.2Go par an, le stockage ne devrait donc pas poser de problème, même si l’ensemble des en-têtes de bloc devait être conservés en mémoire vive.
8. Vérification de Paiement Simplifié
Il est possible de vérifier des paiements sans faire fonctionner un nœud complet du réseau. Un utilisateur n’a besoin de conserver qu’une copie des en-têtes de la chaîne de preuves la plus longue, ce qu’il peut obtenir à travers des requêtes sur les nœuds du réseau jusqu’à ce qu’il soit convaincu d’avoir la plus longue chaîne, puis en récupérant la branche de l’arbre de Merkle liant la transaction avec le bloc dans lequel elle est horodatée. L’utilisateur ne peut pas vérifier la transaction lui même, mais en la liant à sa place dans la chaîne, il peut voir qu’un nœud du réseau l’a acceptée, et les blocs suivants confirment davantage l’acceptation du réseau.

En tant que telle, la vérification est fiable tant que des noeuds honnêtes contrôlent le réseau, mais est plus vulnérable si le réseau est compromis par un attaquant disposant de plus de puissance de calcul. Bien que les nœuds du réseau puissent vérifier les transactions eux-mêmes, la méthode simplifiée peut être dupée par des transactions forgées par l’attaquant, tant que celui-ci a les moyens de dépasser la puissance de calcul du réseau. Une stratégie pour se protéger d’une telle attaque pourrait être de recevoir des alertes des noeuds du réseau lorsque ceux ci détectent un bloc invalide, demandant au logiciel de l’utilisateur de télécharger le bloc complet et les transactions suspectes pour vérifier l’incohérence. Les entreprises qui reçoivent fréquemment des paiements auront certainement intérêt à faire fonctionner leur propres noeuds afin d’obtenir une sécurité plus indépendante et des vérifications plus rapides.
9. Combinaison et Fractionnement de Valeur
Bien qu’il soit possible de traiter les jetons séparément, il serait peu pratique de générer une transaction différente pour chaque centime lors d’un transfert. Afin de permettre la combinaison et le fractionnement de la monnaie, les transactions comprennent de multiples entrées et sorties. Normalement, il y a soit une seule entrée depuis une grosse transaction précédente, ou plusieurs entrées combinant des montants plus faibles, et au maximum deux sorties : une pour le paiement, et l’autre pour renvoyer le change, s’il existe, à l’émetteur.

Il faut noter que la dispersion, lorsqu’une transaction dépend de plusieurs transactions, et que ces transactions dépendent elles-mêmes de beaucoup plus de transactions, n’est pas un problème. Il n’y a jamais besoin de récupérer l’historique complet d’une transaction.
10. Confidentialité
Le système bancaire classique garantit un certain niveau de confidentialité en limitant l’accès aux informations aux parties concernées et aux tiers de confiance. La nécessité de publier toutes les transactions exclut cette méthode, mais la confidentialité peut être obtenue en interrompant la circulation de l’information à un autre niveau : en gardant les clés publiques anonymes. Il est possible de voir que quelqu’un envoie un certain montant à quelqu’un d’autre, mais sans aucun lien avec des personnes. Ceci est similaire au niveau d’information disponible sur les marchés d’échange, où la date, le montant et le “cours” retenu pour chaque échange sont publics, mais sans révéler l’identité des parties.

Comme barrière supplémentaire, une nouvelle paire de clés peut être utilisée pour chaque transaction, pour éviter d’être reliées à un propriétaire commun. Une certaine relation est cependant inévitable avec les transactions multi-entrées, qui révèlent nécessairement que leurs entrées étaient possédées par le même propriétaire. L’évènement redouté étant que si le propriétaire d’une des clés est révélé, les liaisons permettent la révélation des autres transactions du même propriétaire.
11. Calculs
Considérons le cas d’un attaquant essayant de générer une chaîne alternative plus rapidement que la chaîne légitime. Même en cas de réussite, cela ne rendrait pas le système vulnérable à des modifications arbitraires, telles que la création monétaire à partir de rien, ou l’appropriation d’argent qui n’a jamais appartenu à l’attaquant. Les noeuds n’acceptent pas de transactions invalides comme paiement, et les noeuds honnêtes n’accepteront jamais un bloc contenant une de ces transactions. Un attaquant ne peut que modifier une de ses propres transactions afin de récupérer de l’argent qu’il vient de dépenser.
La course entre la chaîne légitime et la chaîne de l’attaquant peut être caractérisée comme une marche aléatoire binaire. L’évènement succès est l’allongement de la chaîne légitime, augmentant son avance de +1, et l’évènement échec est l’allongement de la chaîne de l’attaquant, réduisant son retard de -1.
La probabilité qu’un attaquant rattrape son retard est analogue au problème de ruine du joueur. Imaginons un joueur ayant des crédits illimités, démarrant en négatif, et pouvant jouer un nombre infini de parties pour tenter d’atteindre le seuil de rentabilité. La probabilité qu’il y arrive, ou qu’un attaquant réussisse à rattraper la chaîne légitime, se calcule comme ceci [8] :
p = probabilité qu’un noeud honnête trouve le prochain bloc
q = probabilité que l’attaquant trouve le prochain bloc
qz= probabilité que l’attaquant réussisse à rattraper la chaîne avec z blocs de retard

Etant donnée notre hypothèse p>q, la probabilité diminue exponentiellement en fonction du nombre de bloc que l’attaquant a à rattraper. Avec les probabilités contre lui, s’il n’a pas une série chanceuse très tôt, ses chances deviennent infimes au fur et à mesure qu’il prend plus de retard.
Nous nous intéressons maintenant au temps que le destinataire d’une nouvelle transaction doit attendre avant d’être suffisamment rassuré sur le fait que l’émetteur ne pourra pas modifier la transaction. Nous supposons que l’émetteur est un attaquant qui souhaite faire croire au destinataire qu’il a été payé depuis un certain temps, puis souhaite modifier la transaction pour récupérer l’argent de la transaction après un certain délai. Le destinataire sera alerté quand cela arrivera, mais l’émetteur espère que cela sera trop tard.
Le destinataire génère une nouvelle paire de clés et donne la clé publique à l’émetteur peu de temps avant la signature. Cela évite que l’émetteur prépare une chaîne de blocs en avance en travaillant dessus jusqu’à ce qu’il obtienne une avance suffisante, et qu’il effectue la transaction à ce moment là. Une fois la transaction émise, l’émetteur malhonnête commence à travailler sur une chaîne alternative contenant une version modifiée de la transaction.
Le destinataire attend que la transaction ait été ajoutée à un bloc et que z blocs aient été ajoutés à la suite de celui-ci. Il ne sait pas quel est exactement l’état d’avancement de l’attaquant, mais en supposant que les blocs légitimes aient mis le temps moyen attendu par bloc pour être générés, l’avancement potentiel de l’attaquant est une distribution de Poisson ayant comme valeur attendue :

Afin d’obtenir la probabilité que l’attaquant arrive encore à rattraper, nous multiplions la densité de Poisson pour chaque quantité de progression qu’il a pu obtenir par la probabilité qu’il rattrape depuis ce point :

En réarrangeant pour éviter de sommer à l’infini…

Converti en code C…
#include <math.h>
double AttackerSuccessProbability(double q, int z)
{
double p = 1.0 – q;
double lambda = z * (q / p);
double sum = 1.0;
int i, k;
for (k = 0; k <= z; k++)
{
double poisson = exp(-lambda);
for (i = 1; i <= k; i++)
poisson *= lambda / i;
sum -= poisson * (1 – pow(q / p, z – k));
}
return sum;
}
En effectuant quelques essais, nous observons que la probabilité diminue exponentiellement selon z :
q=0.1
z=0p=1.0000000
z=1p=0.2045873
z=2p=0.0509779
z=3p=0.0131722
z=4p=0.0034552
z=5p=0.0009137
z=6p=0.0002428
z=7p=0.0000647
z=8p=0.0000173
z=9p=0.0000046
z=10 p=0.0000012
q=0.3
z=0p=1.0000000
z=5p=0.1773523
z=10 p=0.0416605
z=15 p=0.0101008
z=20 p=0.0024804
z=25 p=0.0006132
z=30 p=0.0001522
z=35 p=0.0000379
z=40 p=0.0000095
z=45 p=0.0000024
z=50 p=0.0000006
Solutions pour P inférieur à 0.1%…
P < 0.001
q=0.10 z=5
q=0.15 z=8
q=0.20 z=11
q=0.25 z=15
q=0.30 z=24
q=0.35 z=41
q=0.40 z=89
q=0.45 z=340
12. Conclusion
Nous avons proposé un système de transactions électroniques ne reposant pas sur la confiance. Nous avons démarré avec un cadre habituel de jetons faits de signatures numériques, ce qui procure un contrôle fort de la propriété, mais reste incomplet sans un moyen d’empêcher les doubles dépenses. Pour résoudre ce problème, nous avons proposé un réseau pair-à-pair utilisant des preuves de travail pour enregistrer un journal public des transactions, qui devient rapidement inattaquable par le calcul si les noeuds honnêtes contrôlent la majorité de la puissance de calcul. Le réseau est robuste de par sa simplicité non structurée. Les noeuds travaillent de concert avec très peu de coordination. Ils n’ont pas besoin d’être authentifiés, puisque les messages ne sont pas envoyés à un destinataire particulier, et n’ont besoin d’être délivrés qu’au mieux. Les noeuds peuvent quitter et rejoindre le réseau à volonté, en acceptant la chaîne de preuve de travail comme preuve de ce qu’il s’est passé pendant leur absence. Ils votent en utilisant leur puissance de calcul, en exprimant leur accord vis à vis des blocs valides en travaillant à les étendre, et en rejetant les blocs invalides en refusant de travailler dessus. Toutes les règles nécessaires et les mesures incitatives peuvent être appliquées avec ce mécanisme de consensus.
Références
[1] W. Dai, « b-money, » http://www.weidai.com/bmoney.txt, 1998.
[2] H. Massias, X.S. Avila, and J.-J. Quisquater, « Design of a secure timestamping service with minimal trust requirements, » In 20th Symposium on Information Theory in the Benelux, May 1999.
[3] S. Haber, W.S. Stornetta, « How to time-stamp a digital document, » In Journal of Cryptology, vol 3, no 2, pages 99-111, 1991.
[4] D. Bayer, S. Haber, W.S. Stornetta, « Improving the efficiency and reliability of digital time-stamping, » In Sequences II: Methods in Communication, Security and Computer Science, pages 329-334, 1993.
[5] S. Haber, W.S. Stornetta, « Secure names for bit-strings, » In Proceedings of the 4th ACM Conference on Computer and Communications Security, pages 28-35, April 1997.
[6] A. Back, « Hashcash – a denial of service counter-measure, » http://www.hashcash.org/papers/hashcash.pdf, 2002.
[7] R.C. Merkle, « Protocols for public key cryptosystems, » In Proc. 1980 Symposium on Security and Privacy, IEEE Computer Society, pages 122-133, April 1980.
[8] W. Feller, « An introduction to probability theory and its applications, » 1957.
Document original : http://www.bitcoin.fr/public/bitcoin.pdf
(Vous trouverez plus d’information sur : https://bitcoin.fr/faq/)
Modèle « Stock to flow »
Cet article est une traduction de l’article réalisé par PlanB “Modeling Bitcoin’s Value with Scarcity”, je ne suis à l’origine que de la traduction. L’article original est disponible ici.
Introduction
Satoshi Nakamoto a publié le whitepaper de bitcoin le 31 Octobre 2008 [1], a créé le “genesis block” (bloc initial) le 03 Janvier 2009, et publié le code de bitcoin le 08 Janvier 2009. C’est ainsi que commença le voyage qui nous a amené à un marché de bitcoin (BTC) de $70 milliards de dollars. ($724 milliards le 26 mai 2021)
Bitcoin est le premier objet numérique au monde à être rare. Il est rare comme l’argent et l’or, et peut être envoyé par internet, ondes radios, satellite, etc.
“ En tant qu’expérience de pensée, imaginez qu’il existe un métal aussi rare que l’or mais avec les propriétés suivantes : un gris ennuyeux en guise de couleur, qui conduise mal l’électricité, qui ne soit pas particulièrement solide [..], qui ne serve à rien de manière concrète ou ornementale [..] mais qu’il ait une propriété magique que les autres n’ont pas : qu’il puisse être transporté au travers d’un moyen de communication” — Nakamoto [2]
Bien sur cette rareté numérique a une valeur. Mais de combien ? Dans cet article, je quantifie cette rareté en utilisant le modèle “stock-to-flow”, et j’utilise le modèle “stock-to-flow” pour quantifier la valeur de bitcoin.
Rareté et Stock-to-flow
Les dictionnaires définissent la rareté comme “une situation dans laquelle quelque chose n’est pas simple à trouver ou à obtenir”, et “un manque de quelque chose”.
Nick Szabo a une définition plus utile pour définir la rareté : ‘un coût impossible à falsifier’.
“Qu’ont en commun les antiquités, le temps, et l’or ? Ils coûtent cher, soit à cause de leur coût originel ou de l’improbabilité de leur histoire, et il est difficile de falsifier ce coût. [..] Il y a des problèmes liés à l’implémentation de coûts impossibles à falsifier sur un ordinateur. Si ces problèmes peuvent être résolus, nous pouvons amener bit gold à son terme.” — Szabo [3]
“Les métaux précieux et les objets de collection ont une rareté impossible à falsifier à cause du coût de leur création. Cela permettait autrefois de donner de la valeur à la monnaie, et celle-ci était majoritairement indépendante du fait de faire confiance à un tiers. [..] mais il est impossible de payer en ligne avec du métal. Cela serait donc génial s’il existait un protocole où des pépites impossible à falsifier pourraient être créées en ligne, avec une dépendance minimale vis à vis de tiers, et qu’elles puissent être ensuite stockées, transférées et authentifiées, sans non plus devoir être vérifiées par un tiers. Bit gold (“L’Or Numérique”).” — Szabo [4]
Bitcoin a un coût impossible à falsifier, parce que cela coûte beaucoup d’électricité de produire de nouveaux bitcoins. Produire des bitcoins ne peut pas facilement être falsifié. Notez que cela est différent pour les monnaie fiduciaires (fiat money), et aussi pour les altcoins qui n’ont pas de limite de quantité (supply cap), qui n’utilisent pas le proof-of-work (PoW), qui ont un hashrate bas, ou qui ont un groupe de personne ou d’entreprises qui peuvent facilement influer sur l’offre, etc.
Saifedean Ammous parle de la rareté en termes de ratios “stock-to-flow” (SF) (rapport entre les stocks actuels et la production). Il explique que l’or et le bitcoin sont différents des autres matières consommables telles que le cuivre, le zinc, le nickel, le laiton, car ils ont un Stock-to-flow (SF) important.
“Pour chaque commodité consommable, [..] doubler la production diminuera la part représentée par les stocks actuels, faisant tomber le prix et pénalisant ceux qui en possédaient. Pour l’or, une augmentation subite du prix qui doublerait la production actuelle serait insignifiante, augmentant les stocks de 3%, plutôt que les 1,5% actuels.”
“C’est ce faible taux d’or disponible qui est la raison fondamentale qui fait qu’il a maintenu son rôle monétaire dans l’histoire humaine.”
“Le haut ratio de stock-to-flow de l’or fait de lui la commodité ayant l’élasticité du prix la plus basse.”
“Le stock actuel de Bitcoin en 2017 était environ 25 fois plus grand que le nombre de nouveaux coins produits en 2017. C’est toujours moins que la moitié du ratio de l’or, mais en 2022, le ratio de stock-to-flow de Bitcoin dépassera celui de l’or” — Ammous[5]
Donc, la rareté peut être quantifiée par le SF.
SF = stock / flow
Le stock est la taille des stocks actuels ou des réserves. Le Flow est la production annuelle. A la place du SF, les gens utilisent aussi le taux d’augmentation de la production (flow/stock). Notez que SF = 1 / taux d’augmentation de la production.
Regardons quelques chiffres sur le SF.

L’or a le plus gros SF, avec 62, il faudrait 62 ans de production pour obtenir le stock d’or actuel. L’argent est le second avec un SF à 22. Ces SF élevés en font des biens monétaires.
Le Palladium, le platine et les autres commodités ont des SF à peine supérieurs à 1. Le stock actuel est généralement égal ou plus bas que la production annuelle, faisant de la production un facteur très important. Il est presque impossible pour des commodités d’obtenir un SF plus élevé, car à chaque fois que quelqu’un s’en empare, les prix montent, la production monte, et les prix retombent. Il est très difficile d’échapper à ce piège.
Bitcoin à l’heure possède un stock de 17,5 millions de coins, et une production de 0,7 millions / an = SF 25. Cela place bitcoin dans la catégories des biens monétaires, comme l’argent et l’or. La valeur de Bitcoin sur le marché au prix actuel est de $70 milliards.
La production de bitcoin est fixée à l’avance. De nouveaux coins sont créés à chaque bloc. Des blocs sont créés toutes les 10 minutes (en moyenne), quand un mineur trouve le hash qui satisfait au PoW requis pour créer un bloc valide. La première transaction de chaque bloc, appelée “coinbase”, contient la récompense du bloc pour le mineur qui l’a trouvé. La récompense du bloc consiste en frais payés par les gens pour les transactions dans ce bloc, et des nouveaux coins qui ont été créés (appelés récompenses (subsidy en anglais)). La récompense a commencé à 50 bitcoins par bloc, et diminue de moitié tous les 210 000 blocs (a peu près 4 ans). C’est pour quoi les diminutions (halvings en anglais) sont très importantes pour la production de bitcoins et le SF. Les divisions causent une diminution en escaliers du taux de production, plutôt qu’une diminution progressive.

source: https://plot.ly/~BashCo/5.embed
Le Stock-to-Flow et la Valeur
L’hypothèse de cette étude est que la rareté, mesurée par le SF, dirige directement la valeur. Un regard sur le tableau ci-dessus tend à confirmer que la valeur du marché augmente quand le SF est plus élevé. La prochaine étape consiste à collecter de la data et à créer un modèle statistique.
Données
J’ai calculé le SF mensuel de bitcoin et sa valeur depuis Décembre 2009 jusqu’à février 2019 (111 points de données au total). Le nombre de blocs par mois peut directement être demandé à la blockchain bitcoin grâce à du Python/RPC/bitcoind. Le nombre de blocs actuels diffère un peu du nombre théorique, parce que les blocs ne sont pas produits exactement toutes les 10 minutes (ex : en 2009 il y avait significativement moins de blocs). Avec le nombre de blocs par mois et la connaissance des récompenses par bloc, il est possible de calculer le flow et le stock. J’ai corrigé les données pour prendre en compte les blocs perdus, en ne prenant arbitrairement pas en compte le premier million de coins (7 mois) dans le calcul du SF. Un ajustement plus précis pour les coins perdus sera le sujet d’une recherche future.
Les données sur le prix de Bitcoin sont disponibles depuis différentes sources, mais commencent en Juillet 2010. J’ai ajouté les premiers prix connus de bitcoin ($1 pour 1309 BTC en Octobre 2009, première cotation de $0,003 sur BitcoinMarket en Mars 2010, 2 pizzas valant $41 pour 10 000 BTC en Mai 2010) et j’ai fais des interpolations. L’archéologie des données d’échanges sera le sujet d’une future recherche.
Nous avons déjà tous les points de data pour l’or (SF 62, pour un marché d’une valeur de $308 milliards), que nous utiliserons ici comme benchmark.
Modèle
Une première dissémination de points de SF comparé à la valeur du marché nous montre qu’il est préférable d’utiliser des valeurs ou des axes logarithmiques, parce que ceux-ci évoluent sur des ordres de magnitude de 8 (de $10 000 à $100 milliards). L’utilisation de valeurs ou d’axes logarithmiques pour le SF révèle aussi une jolie relation linéaire entre ln (SF) et ln (valeur du marché). Notez que j’utilise des logarithmes naturels (ln en base e) et pas les logarithmes communs (log en base 10), qui produirait des résultats similaires.

Graphiques réalisés avec gnuplot et gnumerics
Ajouter une régression linéaire aux données confirme ce qui peut être vu à l’oeil nu : une relation statistique significative entre le SF et la valeur du marché (95% R2, signifiance de F 2.3E-17, valeur-P de la pente de 2.3E-17). La probabilité que la relation entre le SF et la valeur marchande soit due a la chance est proche de zéro. Bien sûr d’autres facteurs impactent également le prix, comme la législation, les hacks et les actualités, c’est pour cela que que R2 n’est pas à 100% (et que tous les points soient sur la ligne droite noire). Cependant, le facteur dominant semble être la rareté / SF.
Ce qui est très intéressant est que l’or et l’argent, qui sont des marchés totalement différents, sont en ligne avec les valeurs du modèle pour bitcoin. Notez que lors du pic du bull market (marché haussier) de Décembre 2017, le SF de bitcoin était de 22, et que le valeur du marché bitcoin était de $230 milliards, très proche de l’argent.
Parce que les divisions /halvings ont un impact si grand sur le SF, j’ai rajouté le nombre de mois à attendre avant le prochain halving en tant que superposition de couleurs sur le graphique. Le bleu foncé est le mois du halving, et le rouge est juste après le halving. Le prochain halving aura lieu en Mai 2020. Le SF actuel de 25 doublera à 50, très proche de l’or (SF 62).
La valeur du marché prévue pour bitcoin après le halving de Mai 2020 est de $1 trillion, ce qui se traduit par un prix par bitcoin de $55 000. C’est assez spectaculaire. Je suppose que l’avenir nous le dira, et nous le saurons probablement un ou deux ans après le halving, en 2020 ou en 2021. Un grand test grandeur nature pour cette hypothèse et ce modèle.
Les gens me demandent d’où viendra l’argent nécessaire pour créer un marché valant $1 trilliard ? Mes réponses : de l’argent, de l’or, des pays ayant des taux d’intérêt négatifs (Europe, Japon, bientôt les USA), des pays ayant un gouvernement prédateur (Venezuela, Chine, Iran, Turquie, etc.), des milliardaires et des millionnaires se protégeant du quantitative easing (QE), et des investisseurs institutionnels qui découvriront la valeur ayant le mieux performé ces 10 dernières années.
Nous pouvons aussi modéliser le prix de bitcoin directement avec le SF. La formule a bien sûr d’autres paramètres, mais le résultat est le même, 95% R2 et une prédiction du prix de bitcoin de $55 000, avec un SF à 50 après le halving de Mai 2020..
J’ai superposé le prix de bitcoin issu du modèle basé sur le SF (en noir) avec le vrai prix de bitcoin dans le temps, avec le nombre de blocs en couleur par dessus.

Graphiques réalisés avec gnuplot et gnumerics
Notez la corrélation, spécialement après l’ajustement du prix après le halving de novembre 2012. L’ajustement après le halving de Juin 2016 a été beaucoup plus lent, potentiellement à cause de la compétition d’Ethereum le hack de DAO. Aussi, vous voyez moins de blocs par mois (en bleu) au début 2009 et durant les ajustement à la baisse de la difficulté de fin 2011, mi 2015 et fin 2018. L’introduction des mineurs sur GPU (carte graphique) en 2010–2011 et des mineurs ASIC en 2013 ont amené une augmentation du nombre de blocs par mois (en rouge).
Les Lois de Puissance et les Fractales
Il est également très intéressant de remarquer les indications de l’existence de relations à une loi de puissance.
La fonction de régression linéaire : ln (valeur du marché) = 3.3 * ln(SF)+14.6
.. peut être écrit en tant que fonction d’une loi de puissance : valeur du marché = exp(14.6) * SF³.3
Les lois de puissance sont rares, on ne les trouve pas très souvent. La possibilité de l’existence d’une loi de puissance avec 95% de R2 sur des ordres de magnitude de 8, rajoute à la confiance qu’on peut avoir dans le fait que le principal conducteur de la valeur de bitcoin est correctement analysé avec le SF.
Un loi de puissance est une relation dans laquelle un changement relatif d’une quantité génère une augmentation proportionnelle relative d’une autre quantité, indépendamment de la quantité initiale de ces quantités. [6]. A chaque halving, le SF de bitcoin double et la valeur de son marché augmente de 10x, c’est un facteur constant.
Les lois de puissance sont intéressantes parce qu’elles révèlent une régularité sous-jacente dans les propriétés de systèmes aléatoires complexes. Voir l’appendice pour quelques exemples de lois de puissance connues. Les systèmes complexes ont généralement des propriétés où les changements de phénomènes à différents échelles sont indépendants des échelles que l’on regarde. Cette propriété presque similaire sous-tend les relations des lois de puissance. Nous le voyons également dans bitcoin : les crashs de 2011, 2014 et 2018 se ressemblent beaucoup (des baisses de -80% à chaque fois) mais à des échelles totalement différentes (respectivement $10, $1000, $10 000); si vous n’utilisez pas d’échelles logarithmiques, vous ne le verrez pas. L’invariance selon les échelles et les similarités propres ont des liens avec les fractales. En fait, le paramètre 3.3 dans la fonction de loi de puissance est la “dimension fractale”. Pour plus d’information sur les fractales, jetez un oeil à l’étude très connue sur la longueur des côtes [7].
Bitcoin est le premier objet digital rare que le monde n’ait jamais connu, il est rare comme l’argent et l’or, et peut être envoyé via l’internet, la radio, les satellites, etc.
Evidemment cette rareté numérique a de la valeur. Mais de combien ? Dans cet article j’ai quantifié la rareté en utilisant le stock to flow, et j’utilise le modèle de stock to flow pour modéliser la valeur du bitcoin.
Une relation statistique significative entre le stock-to-flow et la valeur du marché existe. La probabilité que la relation entre le stock to flow et la valeur du marché soit causée par la chance est proche de zéro.
Pour rajouter de la confiance dans ce modèle :
- L’or et l’argent, qui sont des marchés totalement différents, sont en ligne avec le modèle de bitcoin pour le SF..
- Il y a des indications montrant des relations de loi de puissance.
- Le modèle prédit une valeur du marché de bitcoin de $1 trilliard après le halving de Mai 2020, ce qui se traduit dans un prix de bitcoin de $55 000.
Si vous avez apprécié cette traduction, vous pouvez me suivre sur Twitter sur @pauladw
Références
[1] https://bitcoin.org/bitcoin.pdf — Satoshi Nakamoto, 2008
[2] https://bitcointalk.org/index.php?topic=583.msg11405#msg11405— Satoshi Nakamoto, 2010
[3] https://unenumerated.blogspot.com/2005/10/antiques-time-gold-and-bit-gold.html — Nick Szabo, 2008
[4] https://unenumerated.blogspot.com/2005/12/bit-gold.html — Nick Szabo, 2008
[5] The Bitcoin Standard: The Decentralized Alternative to Central Banking — Saifedean Ammous, 2018
[6] https://necsi.edu/power-law
[7] http://fractalfoundation.org/OFC/OFC-10-4.html
Appendix — Power Law Examples
Kepler (planets)

Richter (earthquakes)

(Article original : https://pauladw.medium.com/mod%C3%A9liser-la-valeur-de-bitcoin-gr%C3%A2ce-%C3%A0-la-raret%C3%A9-version-fran%C3%A7aise-dccfcb076839)